ALLEZ MAMY…! RACONTE….! est une série pour les petits et les grands enfants..!
Dans la Chouette ma Mamy se transforme, en conteuse captivante …
Ecoutez….
– Alors.. ACTION Mamy..!
Raconte nous une histoire qui fait peur….
Mes enfants, si vous voulez me prêter un peu attention, je vous raconterai aujourd’hui une belle aventure….. celle des trois bossus….MAMY RACONTE : LES TROIS BOSSUS
Jadis vivait en un château, peut-être bien à Douai, un bourgeois qui menait une existence aisée. Il avait une fille belle à ravir, je renonce à décrire sa beauté, c’est au-dessus de mes forces. Sans être très riche, ce bourgeois était de bonne compagnie et jouissait d’une bonne renommée dans la ville.
Il y avait aussi dans la ville un bossu, je n’en ai jamais vu de si mal loti : il était d’une laideur parfaite : énorme tête, hure affreuse, cou très court, larges épaules relevées. Ce serait folie de vouloir donner une idée de sa hideur. Il était l’homme le plus cossu de la ville. Grâce aux biens qu’il avait amassés, ses amis lui avaient obtenu pour femme cette séduisante jeune fille.
Mais depuis son mariage, il n’était pas un seul jour sans souci, si jaloux qu’il était perpétuellement inquiet.
Il tenait tout au long de la journée sa porte fermée. Toujours assis sur le seuil de sa maison, il en interdisait l’entrée à tout le monde, à moins qu’on ne lui apporte quelque chose ou qu’on sollicite un emprunt.
– EH Mamy … il y a un bossu ou trois…?
– Toujours impatient mon petit Jonas….
il y en à trois autres…. Voila j’y viens…..
À un Noël, trois bossus, des vauriens, viennent le trouver en lui disant qu’ils veulent faire la fête avec lui, nulle part ils ne la feraient mieux, puisqu’ils étaient bossus comme lui.
Le maître de maison les fait monter à l’étage où le repas était tout prêt. Ils s’assoient à la table devant un succulent et copieux dîner ; le bossu n’était pas avare, ils eurent chapons et pois au lard.
Après le repas, leur hôte leur donne à chacun vingt sous de Paris, mais leur défend de paraître à l’avenir dans sa maison et sa propriété, car s’ils y sont surpris, ils prendront un terrible bain froid : la maison donnait en effet sur la rivière. Les bossus se retirent, tout joyeux d’avoir passé une bonne journée et leur hôte les quitte pour traverser le pont.
La dame qui les avait entendu chanter et prendre du bon temps les rappelle tous les trois, pour entendre encore leurs chansons et elle ferme bien la porte. Pendant qu’ils chantent et s’amusent avec la dame, voilà que revient le mari qui ne s’est pas absenté longtemps.
Il appelle rageusement à la porte, elle entend son mari, le reconnaissant à sa voix, mais elle ne sait que faire des bossus ni comment les cacher. Il y avait près de l’âtre un châssis de lit qu’on pouvait déplacer et trois coffres à l’intérieur.
Elle met un bossu dans chacun des coffres.
Le mari est entré et s’assoit un court instant près de la dame, puis il descend, sort et s’en va. La dame n’est pas fâchée de voir son mari dans l’escalier : il faut qu’elle se débarrasse des bossus cachés dans les coffres, mais en les ouvrant elle les trouve tous les trois morts, saisie de stupeur à cette découverte. Elle court à la porte d’en-bas, hèle un porteur qu’elle a aperçu. Quand l’homme l’entend, il accourt sans tarder.
« Ami, dit-elle, écoute-moi. Si tu me donnes ta parole que tu ne souffleras mot de ce que je vais te dire, tu auras une belle récompense : je te donnerai trente bons deniers, l’affaire une fois faite. »
À ces mots, l’homme le lui promet, alléché par l’aubaine et il monte à l’étage.
« Mon ami, dit la dame en ouvrant un des coffres, ne vous étonnez de rien. Portez-moi ce mort à la rivière, vous me rendrez un grand service. »
Elle lui tend un sac, il le prend, y fourre d’un seul coup le bossu, le soulève, le prend sur son cou, descend l’escalier, court à la rivière, jusqu’au pont, et jette le bossu à l’eau.
Sans plus attendre, il revient à la maison. La dame a déjà tiré du lit un autre bossu à grand-peine, jusqu’à en perdre le souffle, puis s’est éloignée un peu du cadavre.
Son porteur arrive au pas de course.
« Dame, dit-il, à présent payez-moi ! Je vous ai bien débarrassée du nain.
— Pourquoi vous moquez-vous de moi, dit-elle, sacré mauvais sujet ? Le nain est revenu ici, vous ne l’avez pas jeté à l’eau, vous l’avez ramené avec vous. Si vous ne me croyez pas, le voilà !
– Hein Mamy que c’est pas bien de mentir…?
– Exact mon petit Jonas…. Mais peut être a-t-elle un plan … Écoute la suite…..
– Comment, cent mille diables ? Il est revenu ici ? J’en suis abasourdi. Il était mort pourtant ! C’est un diable de l’enfer, mais par saint Rémi, il n’aura pas le dessus ! »
II saisit alors l’autre bossu, le met dans le sac, le prend sur son cou sans effort et quitte la maison. Tout aussitôt la dame tire le troisième du coffre et l’allonge près du feu. Le porteur, lui, lance à l’eau son bossu, la tête la première.
« Allez, crie-t-il, soyez maudit, si vous revenez. »
Et le voici de retour chez la dame pour être payé et elle accepte sans discussion de bien le dédommager. Elle le mène alors à l’âtre, comme si elle ne savait rien du troisième bossu qui était couché là.
« Voyez, dit-elle, un vrai miracle ! Qui a jamais entendu dire le pareil ? Revoilà le bossu ! »
– Ben Mamy … c’est une vraie menteuse…!
Avec un sacré bon plan……
– Exact mon petit Jonas….et tu ne sais pas tout … Écoute la suite…..
L’homme n’a pas le sourire aux lèvres, quand il le voit allongé près du feu.
« Eh, par le saint cœur de Dieu, a-t-on jamais vu un vaurien de cette espèce ? Je ne ferai donc aujourd’hui que porter ce vilain bossu ! Je le trouve toujours revenu ici, après l’avoir jeté à l’eau ! »
Il met le troisième bossu dans le sac le cale sur son cou, en sueur de colère et de rage. Il refait le chemin et balance son fardeau dans l’eau.
« Va-t’en, dit-il à ce maudit démon. Je t’aurai charrié combien de fois aujourd’hui ! Si je te vois encore revenir, tu le regretteras. Je crois que tu m’as eu par un tour de magie, mais, par Dieu, à partir de maintenant si tu suis mes pas et si je trouve un bâton ou une trique, je te flanquerai un coup sur la nuque qui te laissera un bandeau tout rouge. »
À ces mots il refait le trajet jusqu’à la maison, mais avant de s’engager dans l’escalier, il regarde derrière lui et voit le mari qui revient chez lui. Le pauvre homme prend la chose au sérieux et se signe trois fois :
« Au nom du Seigneur Dieu, à l’aide ! Il est enragé, ma foi, de me suivre si près de mes talons, il va presque me rattraper. Par saint Morand, il me prend pour un imbécile ; j’ai beau le porter, il tient à me narguer en revenant derrière moi. »
Il court pour saisir de ses deux poings un gourdin qu’il voit suspendu à la porte, puis regagne l’escalier, tandis que le mari s’apprête à monter.
« Comment, monsieur le bossu, vous êtes de retour ! Quel entêtement, ma parole ! Mais, par le corps de sainte Marie, vous n’avez pas eu de chance de revenir dans ces parages. Vous me prenez pour un crétin ! »
– Hein Mamy ..Il y a bien quatre bossus en tout…?
– Oui mon petit Jonas…. Tu te rappelles que le mari était lui aussi bossu d’où la confusion..!
Il lève alors le bâton, lui en assène un coup si violent sur sa grosse tête qu’il lui répand la cervelle sur le sol, il l’abat mort au pied de l’escalier ; puis il le glisse dans le sac dont il ligote l’ouverture avec une corde, se met en route d’un pas rapide et lance à l’eau le sac qu’il avait bien ficelé de peur que l’individu ne le suive à nouveau.
« Allez au fond ! et tant pis pour vous, dit-il. Je suis sûr maintenant que tu ne reviendras pas, on verra avant les bois refleurir. »
Il va chez la dame, réclame son paiement, puisqu’il lui a scrupuleusement obéi.
Sans difficulté, elle lui donne son dû, trente livres tout rond, satisfaite qu’elle est du marché.
Elle se dit qu’elle a fait une bonne journée, maintenant qu’elle est débarrassée de son hideux mari, et se voit heureuse jusqu’à la fin de ses jours.
– L’auteur de ce conte, déclare en moralité :
Qu’il n’est pas de femme qu’on ne puisse avoir avec de l’argent et qu’avec de bons deniers, il est possible de tout avoir.
C’est ainsi que le bossu épousa la dame. Honte à quiconque a le culte de l’argent et lui accorde la première place. »
– OH purée Mamy elle a bien manœuvré la petite dame…!!!!
– Pour sûr mon petit Jonas…. et surtout pas très moral tout ça…!
SOURCE : SITE Pédagogique collège albert camus de villemur
RETRO : C’est un autre épisode….
Recueil : Contes et fables