“Capacités de notre cerveau à découvrir
« QUI EST L’AUTRE »
Avec CADRES SUR TABLE, nous inaugurons cette série inédite de portraits de cadres de nos entreprises et administrations, afin que nous ayons un regard amusé en direction de ceux ou celles que nous reconnaitrons….. mais également pour espérer leur faire découvrir leurs qualités et leurs défauts ….
Les portraits sont, comme pour toutes démonstrations, rédigés en grossissant le trait ……. mais si peu diront certains…..!
– Tu devrais leur dire que tu vas les « encadrer » les uns après les autres, semaine après semaine, et que tous vont y passer ….
La jeune louve , le petit chef (ce jour), le serviteur fidèle, l’animateur, la soliste, le chef d’orchestre, le cinglé du boulot, pour finir par le planqué… qui est peut être celui qui a eu le temps de tirer le portrait de ses petits camarades…!!!
PORTRAIT DE L’ENCADRÉ DU JOUR: LE PETIT CHEF
Il existe des êtres qui s’affirment par leur charme. Il en est d’autres qui impressionnent par leur force. Il s’en rencontre aussi. hélas, qui aimeraient bien donner l’illusion de cette puissance. Avec ces effets : perdre infiniment de leur ascendant et se voir refuser toute séduction.
Qui n’a croisé de ces tyranneaux oppressant leur service, empoisonnant l’entreprise, comme certains étouffent leur famille? Qui n’a jamais eu à pâtir de leurs caprices?
Ce comportement n’est pas toujours inné. Souvent c’est plutôt la fonction qui crée le personnage. S’il surgit des «petits chefs », c’est que nombre de grands chefs les estiment indispensables: pour contrôler l’activité des autres, les houspiller, leur faire respecter un minimum de discipline.
Il est plus affligeant: le responsable qui se met à rapetisser parce qu’il a été blessé, profondément déçu. Il aura fait le maximum pour animer son service. Il se sera dévoué, démené, battu pour ses collaborateurs.
A travers de misérables détails, à coup de mille et une pointes, le petit chef tente de conforter son autorité…
Tout cela pour se retrouver incompris et pire, avoir l’impression d’être trahi. Alors, à travers de misérables détails, à coup de mille et une pointes, le petit chef tente de conforter son autorité. En général, avec une parfaite inefficacité. Chaque jour, un peu plus, notre matamore s’embourbe dans ses ridicules, à rebours de ce qu’il aimerait faire croire et de ce qu’il aime tant se raconter.
Tenez! Le voici, au petit matin. Saluts plus ou moins cordiaux, douteusement sincères, à l’adresse des cadres que Monsieur daigne situer à son rang.
Révérences, courbettes, sourires serviles à ceux dont il lorgne le fauteuil et envie le prestige. Mais pourquoi faut-il que le petit chef néglige systématiquement les êtres qu’il relègue parmi le « petit personnel »? Crainte , d’écorner sa dignité? ou bien arrogance qui ne lui vient que d’avoir échappé à un destin selon lui, indigne d’attention?
Il en est, ainsi, qui font recommencer cent fois la même lettre, corrigeant recorrigeant pour des détails insignifiants.
Étroitesse d’esprit et vision étriquée ne s’en tiennent pas là. Se défouler sur son entourage doit apporter d’autres voluptés. Il en est, ainsi, qui font recommencer cent fois la même lettre, corrigeant recorrigeant pour des détails insignifiants. Perfectionnisme? Le motif serait plausible s’il ne s’agissait surtout de prouver sa maîtrise sur «ses» subordonnés.
La malheureuse secrétaire, qui n’en peut mais, n’est plus là qu’un objet la confirmation du rang que l’on s’octroie dans la hiérarchie.
Tranchant avec assurance, mais tout aussi prêt à virer promptement pour s’aplatir devant ses supérieurs, argumentant avec une confuse assurance, souvent illogique, en général de mauvaise foi… Il se découvre de multiples variantes de notre apprenti dictateur.
Qui n’a affronté, par exemple, le cadre qui a toujours raison?
Qui n’a affronté, par exemple, le cadre qui a toujours raison? Il le prétend parfois avec subtilité. Ainsi, certains, par une suite de touches perfides, s’emploient à « tomber» les idées des autres. Ne serait-Ce que pour mieux se les approprier. D’autres s’encombrent de moins de ménagements : « de toute façon, vous n’y comprenez rien et moi, de source sûre, je sais bien que … ») Et le rebelle qui ose faire front est vite étiqueté : « insolent », «fantasque », «caractériel« … Il n’est guère de défauts qui ne s’accumulent aux yeux et dans les dires du petit chef. Défauts qui, bien sûr, ne seront jamais les siens.
Autre déformation : La détestable manie de retenir jalousement l’information. Un moyen de mieux asseoir son illusoire puissance? Plus certainement, la crainte de se voir dépouiller de ses prérogatives, de se faire dépasser.
Heureusement, tous les garde-chiourmes ne sont pas aussi durs, brutaux. Souvent, sous leur carapace, se découvre un immense besoin d’entraîner la sympathie. Même s’ils le tentent avec une extrême maladresse. Même, s’ils ont tendance à la partialité. Ils ont leurs chouchous.
Et puis, il en est qui, au fond, sont excusables. Eux aussi, à leurs débuts, ont pu avoir à pâtir des caprices et des extravagances de supérieurs déformés. S’ils se sont « radicalisés», c’est par contagion.
Le petit chef ronge peut être parce qu’il est rongé…?
Enfin, – sans s’engouffrer dans les couloirs ombreux de la psychanalyse -, il est possible d’imaginer des motifs purement personnels. En rencontrant, par exemple, le petit chef se promenant avec Madame.
Ligoté, bâillonné, écrasé par une tonitruante walkyrie ou – plus dangereux encore – par une langoureuse nymphe, au cœur fragile, à peine possessive, étonnamment dévorante …
La lumière se fait. Le petit chef ronge parce qu’il est rongé. Il projette ses peurs sur les autres, espérant mieux les fuir en les faisant partager. Tous ces travers n’empêchent pas nécessairement de faire carrière. Mais quelle tragique réussite!
Même si le petit chef ne se retrouve pas totalement mis à l’écart, ignoré, isolé dans ses lubies, rejeté pour ses manies, il suscite toujours la méfiance et décourage les meilleures volontés.
Le plus navrant? Pareil être ne pourra jamais admettre que si certains, par vertu ou par talent, savent réveiller l’enthousiasme, les contraintes mesquines n’ont jamais entraîné que le ridicule pour soi, l’ennui pour les autres et, au profond de leur cœur, la triste impression d’un énorme gâchis.
SOURCE : Extrait de cadres sur table – Document de formation en ressources humaines pour cadres bancaires années 70
LISTE DES ENCADRÉS … EN BOITE |
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CE TABLEAU RÉCAPITULE LES PRÉCÉDENTS PORTRAITS DÉJÀ PUBLIÉS
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La Boîte à outils du manager – 3e éd. – 50 fiches pratiques pour piloter son équipe Broché |