Archives par étiquette : fables

Le vieil arbre et le jardinier


BLOC NOTE LITTÉRAIRE
par Chou Blanc
Fables et sentiments

Le vieil arbre et le jardinier

Un jardinier, dans son jardin,avait un vieux arbre stérile ;
c
‘ était un grand poirier qui jadis fut fertile :
mais il avait vieilli, tel est notre destin.
Le jardinier ingrat veut l’ abattre un matin ;
le voilà qui prend sa cognée.
Au premier coup l’ arbre lui dit :
« respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit
que je t’ ai donné chaque année.
La mort va me saisir, je n’ ai plus qu’ un instant,
n’ assassine pas un mourant
qui fut ton bienfaiteur. Je te coupe avec peine,
répond le jardinier ; mais j’ ai besoin de bois.
Alors, gazouillant à la fois,
de rossignols une centaine
s’ écrie : « épargne-le, nous n’ avons plus que lui :
lorsque ta femme vient s’ asseoir sous son Ombrage,
nous la réjouissons par notre doux ramage ;
elle est seule souvent, nous charmons son ennui.
Le jardinier les chasse et rit de leur requête ;
il frappe un second coup. D’ abeilles un essaim
sort aussitôt du tronc, en lui disant : « arrête,
écoute-nous, homme inhumain :
si tu nous laisses cet asile,
chaque jour nous te donnerons
un miel délicieux dont tu peux à la ville
porter et vendre les rayons :
cela te touche-t-il ? J’ en pleure de tendresse,
répond l’ avare jardinier :
Eh ! Que ne dois-je pas à ce pauvre poirier
qui m’ a nourri dans sa jeunesse ?
Ma femme quelquefois vient ouïr ces oiseaux ;
c’en est assez pour moi : qu’ils chantent en repos.
Et vous, qui daignerez augmenter mon aisance,
je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton.
Cela dit, il s’ en va, sûr de sa récompense,
et laisse vivre le vieux tronc.
Comptez sur la reconnaissance
quand l’ intérêt vous en répond.

 Fable de Jean-Pierre Claris de Florian

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CHOU BLANC

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La saga du corbeau et du Renard

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BLOC NOTE LITTÉRAIRE

par Chou Blanc

«  Paroles d’hommes« 

chouette-profLa saga du corbeau et du Renard

–  » Je suis pas un aigle ….mais comme disait mon cheval …
quand je fouine, je suis « top », je ramène quelques versions « nouvelles » en voici deux…!


Retrouvez ces deux textes dérivés de l’histoire du corbeau et du renard avec quelques variantes. »

 

renard et corbeau

LE CORBEAU ET LE RENARD

Henri Richer.( 1685 – 1748 )


Maître Corbeau, voyant Maître Renard Qui mangeait un morceau de lard Lui dit :
 » Que tiens-tu là, compère ? Selon moi, C’est un mauvais plat. Je te croyais le goût plus délicat.
Quand tu veux faire bonne chère, T’en tenir à du lard !

Regarde ces canards, Ces poulets qui fuient leur mère ; Voilà le vrai gibier de messieurs les renards :
As-tu perdu ton antique prouesse ? Je t’ai vu cependant jadis un maître escroc.
Crois-moi ; laisse ton lard ; ces poulets te font hoc, Si tu veux employer le quart de ton adresse.  »
Maître Renard ainsi flatté, Comme un autre animal, sensible à la louange, Quitte sa proie et prend le change.
Mais sa finesse et son agilité Ne servirent de rien ; car la gent volatile Trouva promptement un asile.
Notre renard retourne à son premier morceau.
Quelle fut sa surprise ! il voit Maître Corbeau Mangeant le lard, perché sur un branchage ; Et qui lui cria :
 » Mon ami, A trompeur, trompeur et demi ! « 

Source : Henri Richer.( 1685 – 1748 ) Avocat au parlement de Rouen, il  » monta  » à Paris où il devint vite célèbre en écrivant pour le théâtre.
Il publia également plusieurs recueils de Fables.

Gustave doré

Le Corbeau et le renard. Lessing

chouette-profLessing (1729-1781 ) est un auteur allemand.
La version qu’il donne de l’histoire du corbeau et du renard est tout à fait personnelle.
Et il suffit d’un seul adjectif pour que toute la fable , du moins celle que l’on connaît, en soit changée.

Un Corbeau emportait dans ses griffes un morceau de viande empoisonnée que le jardinier en colère avait jeté par terre pour les chats de ses voisins. Et, au moment où il voulut le dévorer sur un vieux chêne, un Renard s’approcha furtivement et lui cria :
-« Sois béni oiseau de Jupiter. »
–  » Pour qui me prends-tu ?  » demanda le Corbeau.
– « Pour qui est-ce que je te prends ? » répliqua le Renard.  » N’es-tu pas l’aigle vigoureux qui chaque jour quitte la droite de Zeus pour ce chêne, afin de nourrir un misérable comme moi ?
Pourquoi te rends-tu méconnaissable ?
Est-ce que je ne vois pas dans ta griffe victorieuse le don tant quémandé et que ton dieu continue à m’envoyer par ton intermédiaire ? »
Le Corbeau s’étonna et se réjouit intérieurement d’être pris pour un aigle, Je ne dois pas, pensait-il, tirer le Renard de son erreur.
Généreux, par sottise, il laissa tomber sa proie, et s’en alla fier de lui.
Le Renard attrapa la viande en riant, et la dévora avec une joie mauvaise.
Cependant la joie se changea bientôt en une sensation douloureuse.
Le poison commença à agir et il creva.

Moralité : Que vous ne puissiez jamais acquérir par vos louanges que du poison, maudits flatteurs !

Source :  Gotthold Ephraïm Lessing, Gedichte und Fabeln,1759, , traduction de Marie-Hélène Robinot, Hachette Livre Éducation.

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/col-camus-villemur/spip/spip.php?article1199


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FABLES : Son bonheur consistait aux beautés d’un Jardin…

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BLOC NOTE LITTÉRAIRE
par Chou Blanc

«  Paroles d’hommes« 
Les fables de La Fontaine… éternelles….

« Son bonheur consistait aux beautés d’un Jardin.
Le Scythe l’y trouva, qui la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l’inutile,
Ébranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la Nature, »

Jean de La Fontaine, Fables, Livre XII – Fable 20.


    les murs de poussière
Le Philosophe Scythe

Un Philosophe austère, et né dans la Scythie,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux,
Et, comme ces derniers satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d’un Jardin.
Le Scythe l’y trouva, qui la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l’inutile,
Ébranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la Nature,
Excessive à payer ses soins avec usure.
Le Scythe alors lui demanda :
Pourquoi cette ruine. Était-il d’homme sage
De mutiler ainsi ces pauvres habitants ?
Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage ;
Laissez agir la faux du temps :
Ils iront aussi tôt border le noir rivage.
– J’ôte le superflu, dit l’autre, et l’abattant,
Le reste en profite d’autant.

Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure ;
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
Un universel abatis.
Il ôte de chez lui les branches les plus belles,
Il tronque son Verger contre toute raison,
Sans observer temps ni saison,
Lunes ni vieilles ni nouvelles.
Tout languit et tout meurt. Ce Scythe exprime bien
Un indiscret Stoïcien :
Celui-ci retranche de l’âme
Désirs et passions, le bon et le mauvais,
Jusqu’aux plus innocents souhaits.
Contre de telles gens, quant à moi, je réclame.
Ils ôtent à nos cœurs le principal ressort ;
Ils font cesser de vivre avant que l’on soit mort.

____

Jean de La Fontaine, Fables, Livre XII – Fable 20.

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FABLES : Le coq la vieille et ses deux servantes

 BLOC NOTE LITTÉRAIRE
par Chou Blanc

La poésie inoxydable

 « LADY LADINDE  a éclairé votre lanterne sur l’expression « Tomber de Charybde en Scylla. »
J’ai retrouvé chez Monsieur de la Fontaine (
c’est toujours une bonne source pour moi) de quoi mieux éclairer l’utilisation de cette expression
Lisez vous verrez comment dans la morale de cette fable :

« La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par là
De Charybde en Scylla.
« 

La vieille et les deux servantes


Il était une vieille ayant deux chambrières.
Elles filaient si bien que les soeurs filandières(1)
Ne faisaient que brouiller au prix de celles-ci.
La vieille n’avait point de plus pressant souci
Que de distribuer aux servantes leur tâche.

Dès que Téthys chassait Phébus aux crins dorés,
Tourets entraient en jeu, fuseaux étaient tirés ;
Deçà, delà, vous en aurez :
Point de cesse, point de relâche.
Dès que l’aurore, dis-je, en son char remontait,
Un misérable coq à point nommé chantait;
Aussitôt notre vieille, encor plus misérable,
S’affublait d’un jupon crasseux et détestable,
Allumait une lampe, et courait droit au lit
Où, de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,
Dormaient les deux pauvres servantes.
L’une entrouvrait un oeil, l’autre étendait un bras;
Et toutes deux, très malcontentes,
Disaient entre leurs dents : « Maudit coq, tu mourras. »
Comme elles l’avaient dit, la bête fut grippée;
Le réveille-matin eut la gorge coupée .
Ce meurtre n’amenda nullement leur marché.
Notre couple, au contraire, à peine était couché,
Que la vieille, craignant de laisser passer l’heure,

Courait comme un lutin par toute sa demeure.
C’est ainsi que, le plus souvent,
Quand on pense sortir d’une mauvaise affaire,
On s’enfonce encor plus avant :
Témoin ce couple et son salaire.
La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par là
De Charybde en Scylla.

JEAN DE LA FONTAINESALVATI (1550) © Galleria Palatina, Florence - Les Moires étaient trois: -Clotho filait les jours et les événements de la vie - Lachesis enroulait le fils et tirait le sort de chacun - Atropos coupait avec ses ciseaux le fil de la vie. Chez les Romains les Parques se nommaient Nona, Decima et Morta. Elles présidaient à la naissance, au mariage et à la mort. Elles étaient représentaient sur le Forum et on les appelait Tria Fata (les 3 destinées).

wikipédiatre est le détracteur en chef de ces jeunes rédacteursLes soeurs filandières:
La Fontaine parle souvent des Parques dans ses fables.
Ce sont trois divinités latines (Nona, Decima et Morta) que l’’on peut assimiler aux Moires grecques Clotho, Lachésis et Atropos.
Elles président à la naissance, à la vie et à la mort des humains en tissant un fil (d’’où le nom de sœoeurs filandières), le fil de la vie, qu’’une d’’elles coupe en fin d’’existence.

Elles étaient représentées sur le Forum par trois statues appelées les ‘Tria Fata’, c’est-à-dire les trois Destinées.

– Maintenant, je comprends mieux quand on me dit que ma vie tient par un fil….!
Purée…. c’est grave quand c’est le fil de « soi « …!  En ce moment,  j’ai l’impression que c’est celui d’un fil à plomb

Pas vous … ?

Dans la mythologie grecque, les Moires sont trois divinités du Destin :
Clotho (« la Fileuse »), elle filait les jours et les événements de la vie.
– Lachésis (« la Répartitrice ») elle enroulait le fils et tirait le sort de chacun
– Atropos (« l’Implacable ») elle coupait avec ses ciseaux le fil de la vie

Elles deviendront les Parques, dans la mythologie romaine.

.


LE SONOTONE Vous a gratifié d’un petite fable humoristique mettant en scène un Renard rusé prénommé NICOLAS… Le renard a très souvent été  utilisé par Monsieur de la FONTAINE dans ses fables….
Mais connaissiez vous celle-ci..?

 

Le Coq et le Renard (Livre II, Fable 15)

Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux coq adroit et matois.

« Frère, dit un renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer, descends, que je t’embrasse.
Ne me retarde point, de grâce :
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.

Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix ;
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite et seront dans un moment à nous
Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.

Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire,
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois.» Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur ;
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.

JEAN DE LA FONTAINE

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