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FABLES : Le coq la vieille et ses deux servantes

 BLOC NOTE LITTÉRAIRE
par Chou Blanc

La poésie inoxydable

 « LADY LADINDE  a éclairé votre lanterne sur l’expression « Tomber de Charybde en Scylla. »
J’ai retrouvé chez Monsieur de la Fontaine (
c’est toujours une bonne source pour moi) de quoi mieux éclairer l’utilisation de cette expression
Lisez vous verrez comment dans la morale de cette fable :

« La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par là
De Charybde en Scylla.
« 

La vieille et les deux servantes


Il était une vieille ayant deux chambrières.
Elles filaient si bien que les soeurs filandières(1)
Ne faisaient que brouiller au prix de celles-ci.
La vieille n’avait point de plus pressant souci
Que de distribuer aux servantes leur tâche.

Dès que Téthys chassait Phébus aux crins dorés,
Tourets entraient en jeu, fuseaux étaient tirés ;
Deçà, delà, vous en aurez :
Point de cesse, point de relâche.
Dès que l’aurore, dis-je, en son char remontait,
Un misérable coq à point nommé chantait;
Aussitôt notre vieille, encor plus misérable,
S’affublait d’un jupon crasseux et détestable,
Allumait une lampe, et courait droit au lit
Où, de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,
Dormaient les deux pauvres servantes.
L’une entrouvrait un oeil, l’autre étendait un bras;
Et toutes deux, très malcontentes,
Disaient entre leurs dents : « Maudit coq, tu mourras. »
Comme elles l’avaient dit, la bête fut grippée;
Le réveille-matin eut la gorge coupée .
Ce meurtre n’amenda nullement leur marché.
Notre couple, au contraire, à peine était couché,
Que la vieille, craignant de laisser passer l’heure,

Courait comme un lutin par toute sa demeure.
C’est ainsi que, le plus souvent,
Quand on pense sortir d’une mauvaise affaire,
On s’enfonce encor plus avant :
Témoin ce couple et son salaire.
La vieille, au lieu du coq, les fit tomber par là
De Charybde en Scylla.

JEAN DE LA FONTAINESALVATI (1550) © Galleria Palatina, Florence - Les Moires étaient trois: -Clotho filait les jours et les événements de la vie - Lachesis enroulait le fils et tirait le sort de chacun - Atropos coupait avec ses ciseaux le fil de la vie. Chez les Romains les Parques se nommaient Nona, Decima et Morta. Elles présidaient à la naissance, au mariage et à la mort. Elles étaient représentaient sur le Forum et on les appelait Tria Fata (les 3 destinées).

wikipédiatre est le détracteur en chef de ces jeunes rédacteursLes soeurs filandières:
La Fontaine parle souvent des Parques dans ses fables.
Ce sont trois divinités latines (Nona, Decima et Morta) que l’’on peut assimiler aux Moires grecques Clotho, Lachésis et Atropos.
Elles président à la naissance, à la vie et à la mort des humains en tissant un fil (d’’où le nom de sœoeurs filandières), le fil de la vie, qu’’une d’’elles coupe en fin d’’existence.

Elles étaient représentées sur le Forum par trois statues appelées les ‘Tria Fata’, c’est-à-dire les trois Destinées.

– Maintenant, je comprends mieux quand on me dit que ma vie tient par un fil….!
Purée…. c’est grave quand c’est le fil de « soi « …!  En ce moment,  j’ai l’impression que c’est celui d’un fil à plomb

Pas vous … ?

Dans la mythologie grecque, les Moires sont trois divinités du Destin :
Clotho (« la Fileuse »), elle filait les jours et les événements de la vie.
– Lachésis (« la Répartitrice ») elle enroulait le fils et tirait le sort de chacun
– Atropos (« l’Implacable ») elle coupait avec ses ciseaux le fil de la vie

Elles deviendront les Parques, dans la mythologie romaine.

.


LE SONOTONE Vous a gratifié d’un petite fable humoristique mettant en scène un Renard rusé prénommé NICOLAS… Le renard a très souvent été  utilisé par Monsieur de la FONTAINE dans ses fables….
Mais connaissiez vous celle-ci..?

 

Le Coq et le Renard (Livre II, Fable 15)

Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux coq adroit et matois.

« Frère, dit un renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer, descends, que je t’embrasse.
Ne me retarde point, de grâce :
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.

Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix ;
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite et seront dans un moment à nous
Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.

Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire,
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois.» Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur ;
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.

JEAN DE LA FONTAINE

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FABLES: Le singe et le dauphin

BLOC NOTE LITTÉRAIRE
par Chou Blanc

«  Paroles d’hommes« 

Immortelles fables de Monsieur de La Fontaine

LE SINGE ET LE DAUPHIN

C’était chez les Grecs un usage
Que sur la mer tous voyageurs
Menaient avec eux en voyage
Singes et chiens de bateleurs.
Un navire en cet équipage
Non loin d’Athènes fit naufrage.
Sans les Dauphins tout eût péri.
Cet animal est fort ami
De notre espèce : en cette Histoire
Pline (1) le dit ; il le faut croire.
Il sauva donc tout ce qu’il put.

Même un Singe en cette occurence,
Profitant de la ressemblance,
Lui pensa devoir son salut :
Un Dauphin le prit pour un homme,
Et sur son dos le fit asseoir
Si gravement qu’on eût cru voir
Ce chanteur que tant on renomme.
Le Dauphin l’allait mettre à bord,
Quand, par hasard, il lui demande :
Êtes-vous d’Athènes la grande?
Oui, dit l’autre, on m’y connaît fort ;
S’il vous y survient quelque affaire,
Employez-moi; car mes parents
Y tiennent tous les premiers rangs :
Un mien cousin est Juge-Maire.

Le Dauphin dit : Bien grand merci :
Et le Pirée (2) a part aussi
À l’honneur de votre présence ?
Vous le voyez souvent, je pense?
Tous les jours : il est mon ami ;
C’est une vieille connaissance.
Notre Magot (3) prit, pour ce coup,
Le nom d’un port pour un nom d’homme.
De telles gens il est beaucoup,
Qui prendraient Vaugirard (4) pour Rome,
Et qui, caquetants au plus dru (5),
Parlent de tout et n’ont rien vu .

Le Dauphin rit, tourne la tête,
Et le Magot considéré,
Il s’aperçoit qu’il n’a tiré
Du fond des eaux rien qu’une bête.
Il l’y replonge, et va trouver
Quelque homme afin de le sauver.

JEAN DE LA FONTAINE
La source est Esope (même titre)

(1) Pline l’Ancien cite l’histoire d’Arion, poète, qui fut sauvé par un dauphin : il s’était jeté dans la mer pour échapper aux matelots qui voulaient le tuer
(2) port d’Athènes
(3)  Macaque de Barbarie , également appelé Magot ou Macaque
(4) A l’époque, Vaugirard était un village aux environs de Paris
(5) au plus vite


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FABLE: LE CHAT ET LA SOURIS – Jean de la Fontaine

Vos poèmes, vos poèmes préférés – Les livres à nous signaler, vos impressions sur ceux que vous avez lus, et que vous voulez nous conseiller…. Pensez à nos potes âgés qui n’ont pas de jardin et cultivent leur esprit…!

 

Illustration :
Le vieux chat et la jeune souris,
J.J. Grandville

LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS

Une jeune Souris, de peu d’expérience,
Crut fléchir un vieux Chat  implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis :
Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis?
Affamerais-je, à votre avis,
L’Hôte, l’Hôtesse, et tout leur monde ?
D’un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
A présent je suis maigre ; attendez quelque temps
Réservez ce repas à Messieurs vos Enfants.
Ainsi parlait au Chat la souris attrapée.
L’autre lui dit : Tu t’es trompée :
Est-ce à moi que l’on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant à parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n’arrive guères.
Selon ces lois descends là-bas (2),
Meurs, et va-t-en tout de ce pas,
Haranguer les sœurs Filandières (3) :
Mes Enfants trouveront assez d’autres repas. »
Il tint parole (4) ; et, pour ma fable,
Voici le sens moral qui peut y convenir :
La jeunesse se flatte (5), et croit tout obtenir ;
La vieillesse est impitoyable.

A  MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE

qui avait demandé à M. de La Fontaine
une fable qui fût nommée

« Le Chat et la Souris »

Pour plaire au jeune Prince à qui la Renommée
Destine un temple en mes écrits,
Comment composerai-je une fable nommée
Le Chat et la Souris ?

Dois-je représenter dans ces vers une Belle
Qui douce en apparence, et toutefois cruelle,
Va se jouant des cœurs que ses charmes ont pris
Comme le Chat et la Souris ?

Prendrai-je pour sujet les jeux de la Fortune ?
Rien ne lui convient mieux, et c’est chose commune
Que de lui voir traiter ceux qu’on croit ses amis
Comme le Chat fait la Souris,

Introduirai-je un Roi qu’entre ses favoris
Elle respecte seul ; Roi qui fixe sa roue,
Qui n’est point empêché (1) d’un monde d’ennemis,
Et qui des plus puissants  quand il lui plaît  se joue
Comme le Chat et la Souris ?

Mais insensiblement, dans le tour que j’ai pris,
Mon dessein se rencontre ; et si je ne m’abuse
Je pourrais tout gâter par de plus longs récits.
Le jeune Prince alors se jouerait de ma Muse
Comme le Chat et la Souris.

LE CHOURISTE
CETTE FABLE AVAIT UN BUT :

Ces fables : Le Thésauriseur et le Singe, Les deux Chèvres, Le vieux chat et la jeune souris présentée ici,
sont des conseils au futur roi, destinés à son éducation.

Dans cette fable « Le vieux chat et la jeune souris » , les conseils au futur roi ne manquent pas….

OUPS
(1) embarrassé
(2) chez les morts
(3) les Parques, donc la Mort
(4) « avec un goût parfait, L.F. sait arrêter son conte
à temps, sur une pointe évocatrice qu’il n’est pas
nécessaire d’expliciter. « Il tint parole » suffit à faire
comprendre au lecteur que le vieux chat croque la souris »
(5) s’illusionne

Aidez-moi à trouver
mes marques
par  Michael Rohr

ILS L’ONT DIT SUR LE NET

Ce livre donne des exemples clairs et de bons conseils pour aider les petits (de 0 à 3 ans et plus) à trouver leurs marques au sein de la famille et, plus tard, de la société. Depuis que je l’ai lu, ma fille participe aux repas familiaux et fait beaucoup moins de colères. Les exemples donnés sont clairs et bien commentés. On comprend mieux les erreurs à ne pas commettre et les petits trucs qui aident à rendre l’enfant heureux et sûr de lui. Un seul regret : ce livre est un peu court ! Il se lit tellement bien que l’on a trop vite fini de le dévorer ! Il ne reste plus alors qu’à mettre ses conseils en pratique !

SOURCE: SITE SUR LA FONTAINE


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FABLES : Le renard et la cigogne


Vos poèmes, vos poèmes préférés

– Les livres à nous signaler, vos impressions sur ceux que vous avez lus, et que vous voulez nous conseiller….

Pensez à nos potes âgés qui n’ont pas de jardin et cultivent leur esprit…!
Enfin pensez à tous les choupinets et les choupinettes qui découvrent avec eux

LE RENARD ET LA CIGOGNE


Le renard et la cigogne (*)

Compère (1) le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cigogne (2).
Le régal fut petit et sans beaucoup d’apprêts :
Le Galand, pour toute besogne (3)
Avait un brouet (4) clair (il vivait chichement).
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette.
La Cigogne au long bec (5) n’en put attraper miette ;
Et le Drôle eut lapé le tout en un moment.

Pour se venger de cette tromperie,
À quelque temps de là, la Cigogne le prie.

« Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie. »
À l’heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse ;
Loua très fort sa politesse,
Trouva le dîner cuit à point.
Bon appétit surtout ; Renard n’en manquent point.
Il se réjouissait à l’odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande (6).

On servit, pour l’embarrasser

En un vase à long col, et d’étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer,
Mais le museau du Sire était d’autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu’une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille.

Trompeurs, c’est pour vous que j’écris,
Attendez-vous à la pareille.

Jean de la Fontaine

 

(*) Sources : Fable ésopique recueillie par Plutarque (Symposiaques, I,1) . Deux versions latines en existaient
dans le recueil de compilation des textes antiques de Névelet paru au siècle de L.F. : l’une d’Ésope, l’autre de Phèdre. Une autre de Phèdre existait aussi dans l’édition Sacy.
.
(1) compère et commère : le parrain et la marraine, puis :
les amis
(2) le titre des éditions anciennes s’écrit « Le Renard et le Cicogne » (du latin cicogna), La Fontaine écrivait : « cicogne ».
(3) au XVIème, le mot est employé au sens très vague de chose
(4) « bouillon qu’on portait autrefois aux nouvelles mariées
le lendemain de leurs noces…, se dit aussi d’un méchant potage » (Furetière)
(5) nous verrons un peu plus tard « Le héron au long bec emmanché d’un long cou »
Santé animaux

 

De JIM PALIR

SOURCE: SITE SUR LA FONTAINE


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