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SAINT JÉRÔME
340 – 420 (V’ siècle)
Docteur de l’Église
Fête le 30 septembre
Jérôme de Stridon, saint Jérôme pour les chrétiens, est surtout connu pour sa traduction de la Bible en latin, la Vulgate.
Saint Patron :
Des étudiants et des instituteurs Archéologues, archivistes, Bibliothécaires, Bibliothèques, traducteurs.
Vénéré :
Basilique Sainte-Marie-Majeure, Rome
Attributs :
Il est généralement représenté vieux, en train de traduire ou méditer la Bible et en présence d’un crâne ou d’un lion ( voir la légende ci-dessous) ou en tenue de cardinal.
Invoqué :
Contre la faiblesse de la vue
LA VIE DE SAINT JÉRÔME
Il s’appliqua, d’abord, aux sciences humaines puis, de Dalmatie où il était né, vint à Rome pour y suivre les cours de rhétorique des plus célèbres professeurs.
Après de lointains voyages, il se fixa dans une solitude de la Syrie où il se livra à l’étude de Cicéron, de Plaute et de tous les au- leurs célèbres de l’Antiquité, A Antioche, il fut ordonné prêtre, écrivit un certain nombre de’ traités pour l’édification de la société, Enfin, s’étant rendu à Bethléem, il y fonda deux monastères et consacra ses jours et ses nuits à l’étude.
Malgré la faiblesse de sa vue, il continua, jusqu’à sa mort, à écrire de nombreux ouvrages.
Cette altération de ses yeux a été l’origine de l’invocation qui lui est adressée contre la faiblesse de la vue.
A cause de cela, quelques artistes, en le représentant, ont placé des lunettes à
côté de lui.
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PRIONS POUR AMÉLIORER NOTRE VUE
Seigneur qui avez daigné soutenir de votre grâce le bienheureux Jérôme, daignez, nous vous en supplions, fortifier notre vue par ses mérites afin qu’en suivant son exemple, nous puissions contribuer à votre gloire et vous bénir éternellement dans le séjour des élus. Ainsi soit-il,
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LÉGENDE DE SAINT JÉRÔME : Le lion de saint Jérôme
Saint Jérôme enlève une épine de la patte du lion – Le lion poursuit les voleurs qui avaient dérobé l’âne du couvent et ramène avec lui une caravane de chameaux chargés de marchandises
Un jour que le grand saint Jérôme se promenait dans le désert de Palestine, il aperçut un lion, couché derrière un palmier.
Sa première impression fut très désagréable. car il aimait la solitude il réprima promptement son impatience, réfléchit au danger qui le menaçait et se mit à invoquer Dieu de tout son coeur.
Le lion ne bougeait pas, saint Jérôme s’approcha. Il vit que l’animal se léchait la patte d’une mine dolente; sa queue, raide comme fer, lui battait les flancs à coups secs des plaques de sang marquaient le sable.
Saint Jérôme fit le signe de la croix, mit un genou en terre, avança la main. Le lion lui tendit la patte. Il avait entre les griffes une grosse épine de cactus.
– Voilà ce que c’est ! dit saint Jérôme. Tu cours après les antilopes, les gazelles, les caravanes, sans prendre garde où tu poses le pied. N’est-ce pas toi qu’on a vu rôder autour de notre monastère ? Nous avons un âne, et je crains bien que…
Mais le lion, de la tête, faisait signe que non, qu’il ne mangeait pas les ânes et n’avait jamais marché que dans les voies de la vertu. – Dieu te guérisse ! dit le saint, en arrachant l’épine. Tâche d’être un bon lion.
Puis, il souffla sur la patte blessée, pour en chasser la douleur, se releva péniblement, en s’accrochant au dos de la bête, car il était déjà très vieux et, comme le jour tombait, reprit le chemin du monastère.
Il avait toutes les peines du monde à remettre en ordre ses réflexions ; le lion le suivait comme un chien clopin-clopant, et lui donnait de fréquentes distractions.
Arrivé monastère, le lion suivit Saint Jérome….! Ce fut, chez les moines un branle-bas général devant cette embarrassante affection…..!
Puisque le lion voulait rester, il fallait bien le loger quelque part. On pensa d’abord l’héberger à l’écurie, près de l’âne. Saint Jérôme pensa au coq perché à l’autre bout de l’étable et le chant du coq ne plait guère au lion. Il faut que celui-là soit heureux chez nous.
On laissa donc le lion à l’intérieur du cloître, sur la pelouse. On le combla de caresses et de prévenances.
Notre lion prit goût à la vie monastique. Il faisait excellent ménage avec l’âne et le coq ; il se contentait de la cuisine commune, se montrait affable envers chacun, mais marquait à saint Jérôme un attachement particulier.
Mais l’oisiveté ne vaut rien. Saint Jérôme s’inquiéta bientôt de voir ce lion inoccupé. Il lui assigna pour tache de surveiller l’âne qui pâturait dans une prairie, aux abords du désert, où passaient fréquemment des nomades de mauvaise mine.
À force de regarder son âne, le lion contracta le défaut commun à tous gardiens, surveillants, concierges et autres gens de métier sédentaire : il se laissait aller de temps en temps à risquer de petits sommes.
Il se disait : « Je ne dors pas, j’ai bon œil, tout va bien… » Tout alla si bien qu un beau jour, des Bédouins du désert, mauvaises gens, hardis à nuire et ne respectant rien, enlevèrent l’âne.
Le lion le chercha jusqu’au soir, en poussant des rugissements de douleur. Il s’était juré de ne pas reparaître avant de l’avoir retrouvé. Hélas Il revint seul, bredouille et désespéré.
– Tu as mangé l’âne ! Avoue, misérable, tu as mangé l’âne, lui dirent les moines.
Le pauvre lion eut beau protester par tous les moyens en son pouvoir qu’il n’avait pas mangé l’âne, on en demeura persuadé.
Le chapitre décida qu’il jeûnerait quinze jours au pain et à l’eau. Personne ne le caressait plus. Saint Jérôme évitait de le regarder, et c’est ce qui causait le plus de chagrin au pauvre lion.
Il subit son jeûne avec une humilité exemplaire, puis, la pénitence achevée, il disparut.
La disparition du lion semblait affecter saint Jérôme plus vivement que la mort de l’âne.
Le lion cherchait son âne. Il ne voulait pas mourir avant d’avoir reconquis l’estime du saint homme Jérôme. Il chercha partout et vous pensez bien qu’il se mit encore plus d’une épine dans les pattes. Le brave animal n’épargna pas ses fatigues. Il chercha plusieurs années sans rien trouver.
Enfin, sentant que ses forces baissaient et qu’il n’en avait plus pour longtemps, il décida de retourner au monastère.
Et, comme il était arrêté au sommet d’une colline il vit soudain, débouchant là-bas sur la route ? Une caravane de Bédouins. Et en tête de la caravane, que vit-il ? Son âne ! Son âne qui trébuchait sous une charge cruelle et que les méchants Bédouins rouaient de coups.
Au rugissement qu’il poussa, la caravane prit la fuite, mais par un mouvement tournant des plus adroits, le lion, qui savait ce qu’il voulait, la rabattit sur le monastère.
L’âne eut vite reconnu les lieux qui l’avaient vu naître et fit une telle musique que la porte s’ouvrit.
– Notre âne ! s’écrièrent les moines. Notre âne vit encore. Le lion ne l’avait donc pas mangé. Où est-il maintenant, ce pauvre lion ? Il est sans doute mort de chagrin, s’il ne s’est tué de désespoir. Ah ! que nous avons été injustes envers lui !
Mais saint Jérôme levait les bras au ciel et de grosses larmes lui coulaient sur la barbe, car aussitôt après le dernier Bédouin, le lion venait de bondir dans la cour et s’aplatissait aux pieds de son vieil ami, qui se penchait pour l’embrasser.
Il ne se releva plus, le pauvre lion, il était mort.
Source : Paul CAZIN, Bestiaire des deux Testaments,
Éditions Bloud et Gay.