Jean de la Fontaine
n’a pas écrit que des fables animalières…… !!!
VOICI LE TEXTE ORIGINAL TEL QU’ÉCRIT PAR JEAN DE LA FONTAINE
Tout est mystère dans l’Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance(1):
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici :
Mon but est seulement de dire à ma manière
Comment l’aveugle que voici
(C’est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ;
J’en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l’Amour jouaient un jour ensemble :
Celui-ci n’était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l’Amour veut qu’on assemble
Là-dessus le conseil des dieux ;
L’autre n’eut pas la patience ;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu’il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis (2),
Et les Juges d’Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l’énormité du cas :
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n’était pour ce crime assez grande :
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L’intérêt du Public, celui de la Partie,
Le résultat (3) enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l’Amour. |
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EN SAVOIR PLUS SUR CETTE FABLE :
La source de la fable : « l’Amour et la Folie » est à chercher vraisemblablement dans les
« Oeuvres de Louise Labé Lyonnaise » (1555) :
« Débat de Folie et d’Amour », ou dans la fable XII du père Commire dans ses « Carmina » (1681).
« Cette charmante allégorie a vite été reconnue pour un chef-d’oeuvre de la poésie galante »(J.P. Collinet, la Pléiade)
« […] La plus jolie (fable) parmi les modernes fut celle de la Folie, qui, ayant crevé les yeux à l’Amour, est
condamnée à lui servir de guide. » (Voltaire :
« Dictionnaire philosophique »)
« Toute cette allégorie est parfaite d’un bout à l’autre; et quel dénouement !
Est-ce un bien, est-ce un mal que la Folie soit le guide de l’Amour ? C’est le cas de répéter le mot de L.F. : j’en fais juge un amant et ne décide rien » (Chamfort « Les Trois Fabulistes »)
« C’est le chef-d’oeuvre de l’alexandrinisme de L.F., où s’allient l’art du récit, l’humour, la musique, l’esprit délicat, pour fronder la morale vulgaire et servir la sagesse. »
(M.Fumaroli, « L.F., fables ») (1) le fait d’être représenté par un enfant
(2) mythologie grecque : Fille de la nuit, elle personnifie la vengeance divine.
(3) la décision
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