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Le peintre et alchimiste, Parmigianino était-il la réincarnation de Raphaël ?
Anatomie d’un prodige méconnu de la Haute Renaissance italienne.
Ses contemporains voyaient en lui la réincarnation de Raphaël.
Pourtant, le talent de Parmigianino (de son vrai nom Francesco Mazzola, 1503-1540) reste méconnu.
Caressé à la craie rouge, un visage d’une douceur infinie.
Cette divine tête d’enfant, couronnée d’une vaporeuse chevelure d’ange, est signée Parmigianino.
Né à Parme (d’où son surnom), élevé par ses oncles peintres, l’artiste butine d’un style à l’autre, s’inspirant du Corrège, puisant des formules chez Léonard, Michel-Ange ou Raphaël.
Doué pour le luth, il annote ses dessins, y griffonnant des vers ou des notes de musique.
Très vite, son talent agit comme un philtre d’amour. A seulement seize ans, « le petit Parmesan » se fait remarquer dans sa ville natale.
A vingt ans, il plie bagage pour Rome. Sa carte de visite ? Un virtuose «Autoportrait au miroir convexe », tableau insolite reproduisant la distorsion des formes.
Avec un premier plan étonnant : sa main, grossie par l’effet d’optique.
Titiller les règles de bienséance
Sanguine, pierre noire, gravure : d’une créativité bouillonnante, Parmigianino varie autant les sujets que les techniques. Résultat ?
Une cinquantaine de peintures et de fresques, et plus d’un millier de dessins : une furieuse esquisse à l’encre, un Cupidon canaille aux tons délicats, ou encore une serpentine « Vierge au long cou », prélude aux femmes expressives de Modigliani, dotées de traits fins et de visages ovales…
Arrivé à Rome, le Parmesan fait sensation :
serait-il la réincarnation de Raphaël, mort trois ans plus tôt ?
Chez le jeune homme – lui aussi orphelin et à l’allure charmante – on croit retrouver la grâce et la finesse du trait, le mystère et la sensualité, ainsi que la capacité d’imitation et d’invention propres au grand maître. Mais s’il admirait Raphaël, cherchant toujours à atteindre la perfection de son geste, Parmigianino avait aussi sa propre signature. Torsion des corps, exagération des formes, étirement des perspectives : le peintre apparaît comme l’un des précurseurs du maniérisme. Un nouveau courant qui, sans rompre avec la Renaissance, brouille les pistes. L’artiste fait à sa manière, quitte à déroger aux canons du Quattrocento… ou à titiller les règles de bienséance.
En dessin, il n’hésite pas à croquer des scènes érotiques. Dans ses tableaux religieux, un je-ne-sais-quoi d’étrange se cache toujours dans l’ombre : sensuelle et troublante, sa « Vierge à la rose » a le sein qui pointe sous sa tunique trop fine…
Le peintre apparaît comme l’un des précurseurs du maniérisme.
Le maniérisme…C’est quoi?
Une passion destructrice pour l’alchimie
Et pourtant, son génie reste méconnu. En 1527, la violence du sac de Rome l’oblige à se réfugier à Bologne. Ce repli forcé l’aurait-il empêché d’atteindre la gloire ? Multipliant les études, il laisse ensuite de nombreuses œuvres inachevées. En 1539, on lui intente même un procès: commandée huit ans plus tôt, sa fresque – destinée à orner l’arc d’un presbytère à Parme – n’est toujours pas terminée. En disgrâce, l’artiste s’exile à Casalmaggiore, où il meurt peu après d’une forte fièvre.
Fut-il victime de son perfectionnisme destructeur ? Ou d’une addiction à l’alchimie, comme le relate l’auteur Giorgio Vasari (1511-1574) ? Transformation de métaux en or, recherche de la vie éternelle : obsédé par cette science obscure, le peintre aurait perdu son temps à congeler du mercure, jusqu’à délaisser son art… et perdre la santé. Si elle alimente le mythe, cette version contestée n’enlève rien au talent du maître. Ni à la beauté de ses dessins.
SOURCE :
https://www.telerama.fr/sortir/au-louvre-peintre-et-alchimiste-parmigianino-etait-il-la-reincarnation-de-raphael,136617.php