LA MALÉDICTION DES RUD

BLOC NOTE
CHOULAGER
par Chou-Blanc

 ON VOUS PARLE D’UN TEMPS OU LES HIVERS ÉTAIENT PLUS RUD…

  LA MALÉDICTION DES RUD

Depuis longtemps dans nos campagnes,  les paysans sont des gens simples, dont la vie au champ les fait vivre au rythme des saisons. Les RUD sont les parents de notre héros, dont je vais vous conter l’histoire. Ils  ne se creusent pas la tête pour trouver un prénom à leurs enfants, et prennent le prénom mentionné au calendrier des postes le jour de la naissance.
Comme sa sœur, née le 14 juillet qui se prénomme FETNAT, notre pauvre garçon né le 22 décembre premier jour de l’hiver est prénommé HIVER enfin presque….. Pour faire plus court, il se prénomme IVER.
C’est donc la vie d’IVER RUD, l’éternel frileux, dont il est question dans mon récit.


Le froid de toute une vie…!

Peut être du fait du nom qu’il porte, ou parce que cet hiver là est rude, IVER  ressent le froid de ses  couches humides, au point de regretter très vite de s’être oublié. Il est le premier enfant RUD à être propre très vite …..Mais aussi le seul, à tirer la couverture à lui avant d’aller sur le pot.


Enfant, il est plutôt enclin à tirer les marrons du feu, pour la simple et bonne raison qu’il y fait chaud et  que cela lui permet de lutter contre le froid permanent qui l‘envahit .


Jeune homme, son affectation aux chasseurs alpins ne fait qu’aggraver ce que l’on peut considérer comme sa maladie, elle décide de son avenir professionnel pour être à vie  boulanger de la commune de LA FORGE.
Avec un tel tempérament frileux et soucieux du maintien d’un environnement chaud, son entourage lui bat froid ce qui n’arrange pas les « chausses ».


Pour se marier, il recherche une femme qui lui fasse chaud au cœur, exigeant de l’agence matrimoniale qu’elle vienne d’un pays chaud…! Il s’éprend donc d’une volcanique réunionnaise, qui a des références puisqu’elle est née au pied du volcan du piton de la fournaise.


Il passe, à ses côtés, toute sa vie à avoir froid. Ses repérages pour éviter ses seins de glace, et ses efforts de réchauffement climatique ont eu pour résultat une famille nombreuse autour de lui…..pour lui tenir chaud.
Sa chaleureuse femme, pour l’aider à survivre dans son puit à glace obtient le Guinness des records des plus épaisses chaussettes, et celui du plus long cache nez de laine mais rien n’y fait.
Il est lui même élu couette frileuse au festival d’été de LA FORGE.
Au terme d’une vie de labeur face à son four de boulanger, il redoute sa retraite et ne trouve de satisfaction que lorsqu’il a de la fièvre. Il reste très frileux obligeant sa femme à chauffer le thermomètre avant de prendre sa température.
En fin de vie, il ne quitte plus le devant de sa cheminée, attendant l’heure et la perspective d’un  jour avoir plus chaud dans l’au delà.
L’heure vient…….. C’est plutôt la faux qui le frappe….dans une nuit glaciale de décembre.


Un au-delà tourmenté…mais toujours frileux


Arrivé au ciel…. à la seule attente le cul sur un nuage jusqu’au petit matin, il comprend qu’au milieu de ce courant d’air froid, il n’y fera pas de vieux os (façon de parler)
Le secrétariat de Saint Pierre enfin ouvert, il peut se mettre à l’abri et engage ses démarches sur ses conditions d’hébergement.
Voyant sa vie exemplaire, le préposé lui confirme, de sa propre autorité, qu’il a droit à une place de choix au paradis.
– y fait-il chaud ? Demande t il préoccupé
Moins qu’au purgatoire, mais c’est normalement chauffé
– Alors je préfère le purgatoire.. !
Réfléchissez… je vous propose trois mois, mais à l’essai… car Saint Pierre lors de son contrôle vous remettra surement au paradis…surtout avec le dossier béton que vous avez… !


Le séjour au purgatoire est un purgatoire ……les sorties en plein air pour purifier l’âme ne lui réussissent pas du tout, et il réclame régulièrement deux anoraks et une couverture de survie par sortie.
Très vite, Saint Pierre est alerté et demande à le rencontrer…
Saint Pierre, je n’ai pas mérité cela, le purgatoire c’est trop dur pour moi… !
Saint Pierre, habitué de cette phrase rituelle chez tous les pensionnaires du purgatoire, ne réagit qu’à la lecture de son dossier et du récit de sa vie exemplaire pleine de chaleur.
– Pas de problème mon cher IVER votre place est au paradis.
– Pas question du paradis… c’est plus froid qu’ici… !
– C’est évident cher Iver, plus  on s’éloigne de l’enfer et des flammes de Lucifer…..
– Alors mettez moi en enfer, au moins là bas au  milieu des flammes, je serai enfin bien.. !
– Inadmissible… ! Pas question…On ne choisit pas ici… ! Où vous vous croyez.. ?
-Je vous en prie Saint Pierre, J’ai mérité la paix pour mon âme…Oui…! Alors la paix pour moi c’est au bord du feu… Accordez-moi l’enfer.
– Accordez moi l’enfer …accordez moi l’enfer…. c’est vite dit mais je ne commande pas là bas …c’est Lucifer qui gère l’enfer…!
-Touchez lui en un mot …il vaut mieux s’adresser au bon DIEU qu’à ses saints
– Je vous en prie IVER…! On n’est plus en France
– PARDON mon père…mais j’ai besoin de votre intervention pour ce logement en enfer…… ça se fait surement ici aussi… !
– Ok ok ne parlons pas de ce qui fâches…Je vous emmène, je vais essayer de négocier cela avec Lucifer ne vous attendez pas à «  démons »  et merveilles


L’enfer est il le paradis ?



Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà Saint Pierre chaussé de ses chaussures à semelle anti braise entraînant mon IVER RUD en charentaises, son dossier paradis-médical sous le drap et les couvertures dans lesquelles il est enveloppé..!
Ça descend, ça descend encore, et plus ça descend et plus ça chauffe … Saint Pierre, qui a déjà fait une ou deux fois le voyage pour réparer des erreurs d’aiguillages, commence à transpirer à grosses gouttes, alors que derrière lui, IVER RUD maintien ses couvertures, il ne s’aperçoit même pas que la semelle de ses charentaises se consume.
Enfin arrivés devant une porte en fer rougeoyante car chauffée à blanc, Saint Pierre s’arrête devant le paillasson cramoisi où est inscrit « WELCOME » en lettres de feu. Là un peu surpris, il  prend pour se protéger de la chaleur, un pan de sa tunique… il tape 3 coups avec le marteau brulant  en forme de tête de bouc. Un diablotin, au teint rouge écarlate, ouvre une petite fenêtre permettant  une discussion de conciergerie.
C’est à quel sujet mon père …
– Je souhaite dialoguer avec LUCIFER … au sujet d’un de nos ressortissants du paradis qui a un problème d’adaptation chez nous…! M RUD ici présent, demande donc le droit d’asile chez vous.
 Il examine le dossier et dit :

Très mauvais dossier pour nous….! Il arrive avec des idées subversives …mais c’est pas vrai … ! Il a rien pour lui votre bonhomme…. avec ce nom là, il est sans doute étranger…. et sans papier je suppose… ?….ils les perdent tous pensant que ça va brouiller les pistes…..il jette un coup d’œil à ses charentaises, enfin ce qu’il en restait, pour déclarer «En plus il ne connaît pas BESSON (chausseur homonyme du ministre de l’immigration)» ….
– Mon père il faut leur dire il n’y a pas de place en enfer pour eux.. !
Enfin nous avons quelques semblant de règles…… ils restent en enfer quelques mois et une commission présidée par LUCIFER décide toujours de les reconduire au-delà de l’enfer
Il y a donc pire lieu que l’enfer pour eux…s’enquit Saint Pierre
Oui… chez eux dans leur pays… !
On peut donc prendre RUD sur la base de ces conditions.
Saint Pierre accepta, à la condition qu’il soit pris à l’essai, et de pouvoir le reprendre avant la décision de cette commission, à tout moment, sur simple demande de la part d’IVER.
Le diablotin remis un récépissé provisoire de séjour à Saint Pierre à travers sa petite lucarne.
« Revenez dans 10 semaines »
La porte s’ouvre pour laisser pénétrer IVER. Là, des fumées imprégnées de souffre s’écartent pour laisser des flammèches venir lécher l’encadrement dégageant une chaleur qui ravit IVER RUD. Il entre souriant avec un dernier signe de sa main toujours enfouie sous sa couverture.
Tu seras au chaud…mais demande à revenir dès que tu veux mon petit ……je reviendrai te chercher … ! La porte de fer se referme au nez et à la barbe de Saint Pierre qui reprend la route du paradis.
Sur le trajet du retour, Saint Pierre se jure de revenir bien avant ce délai…!


Quelques semaines plus tard, Saint Pierre s’enquit auprès de son secrétariat si l’on avait des nouvelles d’IVER. A la huitième semaine inquiet et sans nouvelles d’IVER, il rechausse ses chaussures à semelle anti braise et reprend le chemin de l’enfer
ça descend, ça descend encore et plus ça descend et plus ça chauffe …! Saint Pierre qui a déjà fait le voyage la dernière fois connait les sensations et commence à transpirer à grosses gouttes.
Arrivé à la porte en fer sur le paillasson cramoisi où le welcome flambant est toujours là, le marteau à tête de bouc lui jette un regard énigmatique…
Il frappe trois fois, et dans le temps d’attente voit défiler les pires idées noires pour notre pauvre IVER…. l’angoisse le gagne. Le bruit d’ouverture de la petite lucarne le sort de ses pensées. C’est pas le même diablotin mais il semble le reconnaitre
– AH ? C’est vous mon père, vous venez pour IVER …Vous voulez voir comment il va… ! Attendez je vous ouvre.
Il ouvre la porte, et immédiatement fendant les fumées acres et les flammèches rouge, Saint Pierre entend, mêlée à un immense bouffée de chaleur, la voix d’IVER qui fait retentir un tonitruant :
« LAAAAA POOOOOORTE…..!»

Comme vous le voyez avec le dénouement de cette histoire
« l’enfer, c’est pas le paradis »


C’est ce que l’on appelle la malédiction des RUD dont on ne sait par quel miracle leur histoire nous est parvenue jusqu’à nous.

Mémé Marthe n’a jamais voulu me dire, comment elle savait ça …Quand je le lui demandais avec insistance, elle répondait:
«  C’est mon petit doigt qui me l’a dit «
« DIABLE …! Dans quelle oreille l’auriculaire de Mémé Marthe s’était-il donc fourré……?
Dans celui de Saint Pierre… à n’en pas douter..! »

« L’enfer a été fait pour les curieux » Saint Augustin



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