
FLONFLON ADORE ….LIRE
Elle adore les résumés qui font croire aux autres
qu’elle a tout lu..!!!!
En lisant les
CONTES DU LUNDI D’ALPHONSE DAUDET
le devoir de mémoire devient facile car il est mémoire de mioches alsaciens ballotés par les guerres…. Les mots créaient des maux .. indélébiles car ces mioches là en parlent encore assis sur leur petit nuage … enfin bleu blanc rouge..! »,
– Contes du lundi est un recueil de nouvelles en trois parties de l’écrivain français Alphonse Daudet.
Publié en 1873 ils sont inspiré des événements de la guerre franco-prussienne, il dresse des tableaux réalistes de la vie de l’époque :
le peuple de Paris soumis aux privations, les événements de la Commune et la répression des Versaillais.
Alphonse Daudet exalte aussi la tristesse de la perte de l’Alsace-Lorraine à travers « La Dernière Classe », le récit le plus connu de cet ouvrage.
L’Alsace-Lorraine est le territoire cédé par la France à l’Empire allemand en application du traité de Francfort, signé le après la défaite française.
Au sens strict, l’entité politique qui a été couramment appelée Alsace-Lorraine, et qui portait le nom officiel de Reichsland Elsaß-Lothringen, correspond au territoire de l’Alsace-Moselle, c’est-à-dire aux actuels départements français du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
Dans la France entière dès 1871, en mémoire des régions perdues, un grand nombre de rues, avenues, boulevards, places et cours ont été baptisés du nom « d’Alsace-Lorraine » Sur la place de la Concorde à Paris, la statue représentant la ville de Strasbourg fut fleurie et voilée d’un drap noir jusqu’à l’armistice de 1918.
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LA DERNIÈRE CLASSE – RACONTÉE PAR FERNANDEL |

Un moment l’idée me vint de manquer la classe et de prendre ma course à
travers champs.

Depuis deux ans, c’est de là que nous sont venues toutes les mauvaises nouvelles, les
« Ne te dépêche pas tant, petit ; tu y arriveras toujours assez tôt à ton école ! »
« Va vite à ta place, mon petit Franz; nous allions commencer sans toi. »
Alors seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu’il ne mettait que
Du reste, toute la classe avait quelque chose d’extraordinaire et de solennel.
Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d’habitude, des gens du village assis et silencieux comme nous :
Pendant que je m’étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans sa chaire, et de la même voix douce et grave dont il m’avait reçu, il nous dit :
Le nouveau maître arrive demain. Aujourd’hui, c’est votre dernière leçon de français.
Je vous prie d’être bien attentifs. »


Aujourd’hui, c’est votre dernière leçon de français.
Je vous prie d’être bien attentifs. »
Ah! les misérables, voilà ce qu’ils avaient affiché à la mairie.
Je n’apprendrais donc jamais !
Mes livres que tout à l’heure encore je trouvais si ennuyeux, si lourds à porter, ma grammaire, mon histoire sainte me semblaient à présent de vieux amis qui me feraient beaucoup de peine à quitter.

J’entendais M.
Et puis tu vois ce qui arrive…
Ah! ça été le grand malheur de notre Alsace de toujours remettre son instruction à demain.
Maintenant ces gens-là sont en droit de nous dire: Comment ! Vous prétendiez être français, et vous ne savez ni lire ni écrire votre langue!…
Dans tout ça, mon pauvre Franz, ce n’est pas encore toi le plus coupable. Nous avons tous notre bonne part de reproches à nous faire.
instruits. Ils aimaient mieux vous envoyer travailler à la terre ou aux filatures pour avoir quelques sous de plus.
Moi-même, n’ai-je rien à me reprocher ?
Est-ce que je ne vous ai pas
Et quand je voulais aller pêcher des truites, est-ce que je me gênais pour vous donner

Tout ce qu’il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n’avais jamais si bien écouté et que lui non plus n’avait jamais mis autant de patience à ses explications.
On aurait dit qu’avant de s’en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d’un seul coup.
On n’entendait rien que le grincement des plumes sur le papier. Un moment des hannetons entrèrent ; mais personne n’y fit attention, pas même les tout petits qui s’appliquaient à tracer leurs bâtons avec un cœur, une conscience, comme si cela encore était du français…Sur la toiture de l’école, des pigeons roucoulaient tout bas, et je me disais en les écoutant :
De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile ans sa chaire et fixant les objets autour de lui, comme s’il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d’école…
Pensez ! depuis quarante ans, il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille.
Seulement les bancs, les pupitres s’étaient polis,frottés par l’usage ; les noyers de la cour avaient grandi, et le houblon qu’il avait planté lui-même enguirlandait maintenant les fenêtres jusqu’au toit.
Quel crève-cœur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses, et d’entendre sa sœur qui allait, venait, dans la chambre au-dessus, en train de fermer leurs malles !
Car ils devaient partir le lendemain, s’en aller du pays pour toujours.
Tout de même, il eut le courage de nous faire la classe jusqu’au bout.
Après l’écriture, nous eûmes la leçon d’histoire ; ensuite les petits chantèrent tous ensemble le
BA BE BI BO BU.
Là-bas au fond de la salle, le vieux Hauser avait mis ses lunettes, et, tenant son abécédaire à deux mains, il épelait les lettres avec eux. On voyait qu’il s’appliquait lui aussi; sa voix tremblait
d’émotion, et c’était si drôle de l’entendre, que nous avions tous envie de rire et de pleurer.
Ah !je m’en souviendrai de cette dernière classe…Tout à coup l’horloge de l’église sonna midi, puis l’Angélus.
Au même moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de l’exercice éclatèrent sous nos fenêtres… M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire.
Jamais il ne m’avait paru si grand….
« Mes amis, dit-il, mes amis, je… je… »
Mais quelque chose l’étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase.
Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu’il put :
Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main, il nous faisait signe :
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SOURCES : La Bibliothèque électronique du Québec
ILS L’ONT DIT SUR LE NET
PIERRE : A 86 ans et pour quelques euros avoir « en poche » de quoi retrouver sa bonne humeur…Retrouver du même coup ce qui m’.avait séduit a la première lecture pendant les temps noirs de la dernière guerre….Daudet ! Tu a apaisé jadis angoisses et terreurs…Aujourd’hui le monde est odieux, égoïste, cruel….aprés nous le déluge ? Lisez, relisez Daudet. C’est bon pour le moral !
FRANCK : Quand on pense à Alphonse Daudet , ce sont » Les Lettres de mon moulin » et » Tartarin de Tarascon » qui viennent immédiatement à l’esprit ; et pourtant……
Cet ouvrage intitulé » Contes du lundi » est une pépite.
Construit en 2 parties :
– la 1 ère ( une vingtaine de contes ) est centrée sur diverses situations de la guerre franco-prussienne de 1870 .La détresse des mères qui attendent des nouvelles de leur fils au front / les petites lâchetés de quelques uns profitant de la situation / la désolation des villages de province quittés par une population rurale terrorisée / Les actes héroïques de certains………
– une 2 ième partie plus » intimiste » reprend des scènes de la vie quotidienne à Paris et en Province. Les métaphores avec le contexte guerrier sont omniprésentes.
Une quarantaine de contes qui se lisent très rapidement et laissent un doux miel en bouche.
Le style , la richesse du vocabulaire et l’intensité des situations décrites ; Alphonse Daudet est un Maître.
Je vous invite à relire ou découvrir cette œuvre méconnue ; vous serez conquis .