Esope a écrit un texte très court, « Les Pots», que La Fontaine a eu tout loisir d’amplifier et de travailler selon son génie.
Il utilise ici l’heptasyllabe (mêlé à l’alexandrin dans la dernière partie de la fable), ce qui confère à celle-ci un caractère sautillant.
Collinet établit une comparaison entre le texte ci-dessous et le passage de l’Ecclésiastique, XIII, 2-3 « N’entrez point en société avec un plus riche que vous. Quelle union peut-il y avoir entre un pot de terre et un pot de fer ?
Car lorsqu’ ils se heurteront l’un contre l’autre, celui de terre sera brisé. » Mais le thème du récit a été repris et amplifié par bien d’autres auteurs, certains ayant pourvu le pot de terre de plus de prudence – et donc d’une plus longue vie – que chez La Fontaine.
Le Pot de terre et le Pot de fer
Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage. Celui-ci s’en excusa, Disant qu’il ferait que sage De garder le coin du feu : Car il lui fallait si peu, Si peu, que la moindre chose De son débris serait cause : Il n’en reviendrait morceau. « Pour vous, dit-il, dont la peau Est plus dure que la mienne, Je ne vois rien qui vous tienne. – Nous vous mettrons à couvert, Repartit le Pot de fer : Si quelque matière dure Vous menace, d’aventure, Entre deux je passerai, Et du coup vous sauverai. » Cette offre le persuade. Pot de fer son camarade Se met droit à ses côtés. Mes gens s’en vont à trois pieds, Clopin-clopant, comme ils peuvent, L’un contre l’autre jetés Au moindre hoquet qu’ils trouvent. Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas Que par son compagnon il fut mis en éclats, Sans qu’il eût lieu de se plaindre. Ne nous associons qu’avecque nos égaux ; Ou bien il nous faudra craindre Le destin d’un de ces pots.