Chouchiné club, c’est la rubrique ciné-club… Pour laquelle, je vais régulièrement chiner des films cultes du cinéma.
J’espère vous redonner l’ambiance des salles obscures, le gout des Mikos… sans le bruit des Mentos qui sortent de leurs rouleaux et des becos… du dernier rang….!
« Barry Lyndon » un film de 1976 aux 7 Oscars
Barry Lyndon glana sept nominations aux Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur adaptation, meilleur photographie, meilleur direction artistique, meilleur musique, et meilleur costume.
Barry Lyndon remporta un Oscar pour la musique, pour la photo, la direction artistique et les costumes mais, une fois de plus, Stanley Kubrick était privé de reconnaissance personnelle.
Les réactions du public et de la critique étaient désastreuses à la sortie du film. Le tournage de Barry Lyndon avait duré 300 jours répartis sur deux ans pendant lesquels il y eu deux interruptions importantes. Le budget atteignit la somme de 11 millions de Dollars. Kubrick avait investi tellement de temps et d’énergie dans Barry Lyndon que son échec commercial (aux USA) le pire de sa carrière, l’affecta fortement. Le film ne rapporta que 9,5 millions de Dollars sur le marché américain, loin des 30 millions nécessaires à la Warner pour réaliser un bénéfice |
Barry Lyndon impressionne, car c’est peut-être le film qui se rapproche le plus de cette fameuse synthèse rêvée entre toutes les formes d’art (ou du moins le plus grand nombre d’entre elles).
Il y a le cinéma,
- Il y a le cinéma, le mouvement, magnifiquement rendu dans quelques scènes de violence ou de déplacement dans l’espace (avec des travellings arrières, certes).
Il y a la peinture,
- Il y a la peinture, chaque plan étant conçu comme une œuvre picturale d’une grande sophistication.
Stanley Kubrick s’est inspiré, pour la composition de ses plans, de certains tableaux de Thomas Gainsborough, John Constable, William Hogarth, George Stubbs, mais aussi des peintres comme Watteau et Chardin.
On peut évoquer l’emploi du zoom arrière, justifié ainsi par Kubrick : quand on découvre une peinture on s’attache d’abord à un détail avant d’en découvrir l’ensemble et de saisir le sens de l’image. On peut parler aussi de l’abandon du Cinémascope, qui donne aux plans de Barry Lyndon une douceur, une proximité, une humanité troublantes.
Il y a le théâtre,
Il y a le théâtre, dans le jeu parfois caricatural des acteurs, en état de grâce dans leur grande majorité. |
Eclairage à la bougie !
En 1973, année du début du tournage de Barry Lyndon, l’idée d’éclairer un film entier à la chandelle était une hérésie. Kubrick, ancien photographe, s’était néanmoins largement documenté sur le sujet.
Le cinéaste se mit en quête d’un objectif géant pouvant laisser entrer la lumière suffisante.
Il lui fallu trois mois pour le trouver, un Zeiss 50 mmm conçu par la NASA pour être utilisé sur la Lune.
Une caméra spéciale a ensuite été aménagée pour fixer cet objectif. Pour les scènes éclairées à la bougie Kubrick a également utilisé un éclairage complémentaire fixé au plafond.
Collaboration houleuseKubrick réussit difficilement à convaincre Ken Adam de superviser la photo et les décors de Barry Lyndon, ce dernier conservant un souvenir douloureux de sa collaboration avec le cinéaste sur Docteur Folamour (1974). Adam finit par accepter mais rentra immédiatement en conflit avec Stanley Kubrick.
En effet, Kubrick souhaitait tourner l’essentiel de son film en extérieur, dans d’authentique demeures du XVIIIe et avait l’intention ferme d’éclairer ses scènes intérieurs à la chandelle ! Ken Adam quittera plus tard le plateau et ne travaillera plus jamais avec Kubrick. |
Et bien sûr …. il y a la musique… !
- il y a la musique, magnifique musique, sublime musique, peut-être encore plus finement utilisée ici que dans le film 2001 ou dans Orange Mécanique.
La très mythique scène de séduction de Lady Lyndon par Redmond Barry (citée en référence par Scorsese à tout bout de champ) est tout simplement, ce que Kubrick a tourné de plus parfait, de plus beau et de plus bouleversant.
Et c’est aussi son utilisation la plus splendide de la musique, grand merci à Schubert et à son piano trio.
Refus d’une musique originale« Dans le film 2001, j’ai utilisé Ligeti, compositeur contemporain.
Mais si l’on veut utiliser de la musique symphonique, pourquoi le demander à un compositeur qui de toute évidence ne peut rivaliser avec les grands musiciens du passé ? Et c’est un tel pari que de commander une partition originale. Elle est toujours faite au dernier moment, et si elle ne vous convient pas, vous n’avez plus le temps d’en changer. Mais quand la musique convient à un film, elle lui ajoute une dimension que rien d’autre ne pourrait lui donner. Elle est de toute première importance ». (Stanley Kubrick, dans Kubrick, Michel Ciment, Calmann-Levy). Le choix du Trio de Schubert« J’avais d’abord voulu m’en tenir exclusivement à la musique du XVIIIe quoi qu’il n’y ait aucune règle en ce domaine. Je crois bien que j’ai chez moi toute la musique du XVIIIe enregistrée sur microsillons. J’ai tout écouté avec beaucoup d’attention. Malheureusement, on n’y trouve nulle passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d’amour ; il n’y a rien dans la musique du XVIIIe qui ait le sentiment tragique du Trio de Schubert. J’ai donc fini par tricher de quelques années en choisissant un morceau écrit en 1814. Sans être absolument romantique romantique, il a pourtant quelque chose d’un romanesque tragique »
(Stanley Kubrick, dans Kubrick, Michel Ciment, Calmann-Levy). |
Bande originale
La bande originale mêle donc folklore irlandais (joué par The Chieftains) et musique classique, avec entre autres :
- Jean-Sébastien Bach : Concerto pour 2 clavecins en do mineur – Adagio
- Georg Friedrich Haendel : Sarabande de la Suite n°11 en ré mineur
- Wolfgang Amadeus Mozart : Marche d’Idomeneo –
- Giovanni Paisiello : « Saper bramante », extrait d’Il barbiere di Siviglia
- Franz Schubert : Danse n°1 en mi bémol majeur ; Trio pour piano et cordes no 2, op. 100 – 2e mouvement
- Antonio Vivaldi : Sonate pour violoncelle en mi mineur op. 14 – 3e mouvement
- Frédéric II de Prusse : Hohenfriedberger Marsch
- Seán Ó Riada : airs traditionnels irlandais
Le scénario
Barry Lyndon est un film historique anglo-américain de Stanley Kubrick sorti en 1975 et adapté du roman picaresque de William Makepeace Thackeray, Mémoires de Barry Lyndon.
La scène finale, en 1789, montre lady Lyndon, entre deux âges, signant d’un air nostalgique le chèque de la rente annuelle de Barry sous le regard de lord Bullingdon.
Le film dépeint le destin d’un jeune intrigant irlandais sans le sou dans la fastueuse société anglaise du XVIIIe siècle,
On le suit:
- de son ascension sociale pleine d’audace et de perversité, après avoir épousé une lady qui lui apportera une fortune considérable et lui donnera un fils,
- à sa déchéance dans la grange où le duel a lieu, entre son beau fils et lui Le tirage au sort donne à lord Bullingdon le privilège de tirer en premier.
Son pistolet se déclenche de manière inopportune.
Barry, de manière volontaire et magnanime, tire au sol. Mais lord Bullingdon refuse d’arrêter le duel. Il fait feu et cette fois, son tir touche la jambe de son adversaire. Barry doit être amputé sous le genou.
Durant la convalescence de Barry, lord Bullingdon prend le contrôle de son patrimoine.
Lord Bullingdon va faire une offre Barry:
il lui garantit une rente annuelle de 500 guinées à vie s’il quitte l’Angleterre et met fin au mariage avec lady Lyndon. Brisé psychologiquement et physiquement, Barry accepte l’offre. Il se rend en Irlande, puis il voyage à travers le continent européen en redevenant un joueur professionnel, mais bien loin de ses succès d’antan.
Il ne reverra plus lady Lyndon. La scène finale, en 1789, montre lady Lyndon, entre deux âges, signant d’un air nostalgique le chèque de la rente annuelle de Barry sous le regard de lord Bullingdon.
Le film se termine par cet épilogue :
« It was in the reign of King George III that the aforesaid personages lived and quarrelled ; good or bad, handsome or ugly, rich or poor, they are all equal now »
(« Ce fut sous le règne du roi Georges III que ces personnages vécurent et se querellèrent ; bons ou mauvais, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux maintenant »)
SOURCES :
http://www.ed-wood.net/barry_lyndon.htm
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-135/secrets-tournage/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Barry_Lyndon